presse

Rheinphalz, Markus pacher, 30 mai 2024

Tout simplement à couper le souffle (…) Car ce qui arrive au public est tout simplement à couper le souffle : des sons d’un seul coup, définis par une interaction parfaitement synchronisée qui, avec toute l’émotivité, ne laisse rien au hasard. Et tout cela semble totalement articulé sans effort et au-dessus de tout doute technique.”
Le Rheinpfalz, Markus Pacher, 30.05.2024

Musicologie.org - Jean-Marc Warszawski, musicologie.org, 11 Avril 2019

Le quatuor Zaïde fête ses dix ans, un nouveau cd et Mozart

Le Quatuor Zaïde fêtait hier soir qui était encore pour peu de temps dix avril 2019, la sortie de son quatrième cd, et son dixième anniversaire. C’était à Paris, musée Gustave Moreau, du côté Saint-Lazare Trinité, dans cette assez grande salle célèbre pour ses radiateurs monumentaux plantés en son plein milieu, accessoirement on y peut admirer les oeuvres de Gustave Moreau qui fut le maître des lieux à  la fin du xixe siècle, dans ce nouveau quartier alors très attractif pour les artistes. La centaine de places était occupée.

Dès ses débuts, le quatuor Zaïde a bénéficié d’une fort bonne réputation, consolidée par une brassée de Prix et une activité musicale éclectique et conséquente. Dans l’ordre des cordes et de haut en bas : Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf, Juliette Salmona.

Zaïde est le Titre d’un roman hispanisant de Madame de Lafayette (auteure également de La princesse de Clèves qu’un chef d’ état français était incapable de lire) mais aussi le personnage d’un Singspiel de Mozart, une esclave chrétienne qui fuit la cour du sultan Soliman avec son amoureux Gomatz, un esclave chrétien. Ils se font pincer, ça chauffe pour eux, mais ils bénéficient de bienveillance pour services rendus. Là , Mozart, assuré de ne pas avoir d’acheteur, pose la plume. Suspens éternel depuis 1780, mais symbole de l’aspiration à  la liberté contre la tyrannie.

Voilà  qui semble plaire aux quatre Zaïde amoureuses en tout bien tout honneur de Wolfgang Amadeus Mozart, valorisant et se valorisant de son implication libertaire dans le rayonnement des Lumières.

Il se pourrait que revêtir de la rébellion de Mozart aujourd’hui, dans une France aux neuf millions de pauvres, au moment d’un soulèvement populaire et phosphorescent sans précédent réprimé avec une violence policière hors proportions et des armes mutilantes puisse faire un peu sucre d’orge à l’heure du thé.

Mais il y a de cela. Avec les trois Viennois, Haydn,Mozart, Beethoven, la mélodie accompagnée, un chef suivi servilement d’accords, Jérème-Joseph de Momigny écrit en 1818, « comme un laquais suit son maître », fait place à la discussion d’égal à égal, au genre concertant, magnifié par la musique de chambre. Si chez Haydn le violoncelle n’est pas encore émancipé de son strict rôle d’accompagnement, ce que Beethoven accomplira, chez Mozart il se bouge tout de même pas mal la caisse. Les jeux sophistiqués de ces échanges égalitaires ont fait penser au retour du contrepoint, ou à un nouveau contrepoint (il y a des entrées clairement en fugato dans le dernier mouvment du K 387).

On aime donc souligner qu’au moment de composer les six quatuors dédiés à Haydn, Mozart avait découvert les partitions de Johann Sebastian Bach. Ces oeuvres ont donné au compositeur du fil à retordre, lui ont demandé du temps et des ratures, ce qui n’était pas peine perdue pour celles et ceux qui depuis en profitent : six chefs-d’oeuvre d’achèvement, inclinant au sentiment d’une perfection dont on ne peut modifier, ajouter, retirer la moindre chose, sinon l’amour en plus ou moins ou autrement de les jouer, et le plaisir de les écouter.

Le K 387, au programme des Zaïde, est particulièrement saisissant par ses audaces harmoniques et la diversité des figures dans la circulation de la musique aux quatre instruments. Contre toute attente, l’acoustique de cette curieuse salle aidant, on est tenu par la maîtrise de l’ensemble, la qualité de ses nuances, la cohérence sonore, sa précision pile poil. Sinon les accordages entre les mouvements qui font sortir du spectacle sonore.

La seconde oeuvre au programme, est aussi un pur joyau : une suite pour quatuor à cordes des grands airs de La flûte enchantée, où toutes les figures, du tutti orchestral d’ouverture au solo de bravoure, sont maintenues par l’écriture concertante typique de Mozart y compris si là  sonne un écho Schubert ici expression dramatique romantique, un exercice de style concertant déconcertant qui serait l’oeuvre d’un anonyme, demandant à être connu, du début xixe siècle. La virtuosité d’écriture est doublée d’une belle virtuosité d’exécution, pas seulement parce que le violon doit se faire colorature ou le quatuor orchestre, aussi par le nombre et la diversité des figures, des nuances, des sentiments, la rapidité de leurs successions. Là  encore, l’oeuvre est défendue avec précision, mille nuances de sons et de cordes et beauté sonore.

 

Jean-Luc Caron, ResMusica, 10 Avril 2019

La Flûte enchantée de Mozart par le Quatuor Zaïde 

Quelle musique surprenante ! Une transcription pour quatuor à cordes d’extraits de La Flûte enchantée de Mozart, travail d’un musicien inconnu du XIXe siècle, reçoit sous les doigts du Quatuor Zaïde une interprétation magistrale. Plusieurs oeuvres de Mozart, notamment certains opéras, stimulèrent des arrangements pour divers effectifs : orchestre d’harmonie, quatuor ou sextuor à cordes, quintette avec piano, quatuor avec flûte, duos de flûtes, violons ou violoncelles… Il semble certain que le présent arrangement provient d’un musicien très compétent, fidèle à l’esprit de l’oeuvre dont on écoute avec grand plaisir plusieurs thèmes si caractéristiques de cette Flûte enchantée composée au cours de la dernière année d’existence du maître autrichien, soit à partir du printemps 1791 et créée à Vienne le 30 septembre de la même année. Les quatre membres féminins du Quatuor Zaïde (créé en 2009) issus du Conservatoire national de musique et de danse de Paris nous ravissent avec ce quatrième opus après un disque consacré à Janacek-Ravel (2014), un autre dévolu à Haydn (2015) et un CD inspiré par Franck-Chausson (2017), tous marqués du sceau de la qualité technique et de l’excellence interprétative. Le nom du Quatuor Zaïde provient du singspiel inachevé de Mozart élaboré en 1780 et assez peu fréquenté. Bardés de prix et de récompenses, présent sur de nombreuses scènes internationales, ces Zaïde réussissent à faire revivre une vingtaine de numéros de cette incomparable Flûte enchantée. Un témoignage rare, précieux et on peut l’avancer avec assurance, sans aucune date de péremption. Neuf ans plus tôt, Mozart achevait son Quatuor à cordes n° 14, un chef-d’oeuvre de concision, de richesse expressive, d’un foisonnement polyphonique impressionnant (Allegro vivace assai et Molto allegro), d’une sévérité lyrique assortie de lignes au sourire triste (Andante cantabile). Avec cette gravure « Amadeus », le Quatuor Zaïde s’installe confortablement au sein de la famille des grandes formations consacrées. Une entrée en communication bénie avec la personnalité complexe et captivante de Mozart qu’il sert magiquement.

Colette Dehalle, Podcast Journal, 8 Avril 2019

Une partition mystérieuse 

Le mercredi 10 avril à 20h à Paris, au Musée Gustave Moreau, le Quatuor Zaïde composé du premier violon Charlotte Maclet, du deuxième violon Leslie Boulin Raulet, de la violoncelliste Sarah Chenaf et de l’altiste Juliette Salmona, interprétera le Quatuor en sol majeur K 387 op. 10 no1 “Le printemps” de Wolfgang Amadeus Mozart, dédié à Haydn. Quatre mouvements Allegro vivace assai, Menuetto: Allegro, Andante cantabile et Molto allegro. Ainsi que des airs choisis de la Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart, arrangement pour quatuor à cordes d’un compositeur anonyme du XIXe siècle. Les musiciennes expliquent que le choix de coupler cette transcription de la Flûte avec le quatuor Le Printemps “était une évidence”. “Sur les vingt-trois quatuors à cordes composés par Mozart, celui-ci est le plus proche de La Flûte enchantée. C’est un véritable concentré d’opéra!”. Cette transcription inédite de l’opéra datant de 1801 a été retrouvée chez un antiquaire et elle renaît grâce au quatuor Zaïde. Le nom de Zaïde n’est pas anodin, il est associé à Mozart, c’est celui d’un de ses opéras datant de 1780 et inspiré par la tragédie éponyme de Voltaire. Enthousiasmées par cette découverte, les quatre musiciennes ont enregistré cette composition anonyme dans le nouvel album Amadeus, le 4e, qu’elles viennent d’enregistrer au Théâtre impérial de Compiègne à l’occasion de leurs dix ans d’existence. Sarah Chenaf et Juliette Salmona confient “Un jour, une amie est venue chez nous pour nous remettre une partition originale trouvée par hasard chez un antiquaire. C’était un arrangement de La Flûte enchantée de Mozart en quatuor à cordes. On l’a déchiffrée et on s’est rendu compte qu’elle était parfaite”. Depuis sa première représentation le 30 septembre 1791, au Theater auf der Wieden, Die Zauberflöte, la Flûte enchantée, 2 actes sur un livret d’Emanuel Schikaneder, a connu plusieurs arrangements en quatuor. Mais il semble qu’aucun n’ait été aussi proche de l’oeuvre originelle. Rappelons qu’avant l’apparition des enregistrements que nous connaissons, les transcriptions étaient la seule façon de faire connaître les oeuvres. Le plus grand mystère enveloppe donc cette transcription car elle n’a pas de nom d’auteur et il est difficile de savoir si il y en a d’autres exemplaires. Sarah Chenaf et Juliette Salmona pensent qu’il y a même peu de chances qu’elle ait déjà été jouée par des musiciens contemporains. Elles ajoutent “Elle comportait deux-trois fautes d’édition, un fait plutôt rare voire impossible dans les partitions des grands compositeurs rééditées aujourd’hui. Avoir un exemplaire qui révèle quelques erreurs ajoute de l’authenticité à l’oeuvre, c’est excitant!”. »

arts-spectacles.com - Pierre Aimar, arts-spectacles.com, 7 Avril 2019

Le Quatuor Zaïde à l’occasion de ses 10 ans revient avec un album original « Amadeus »

L’étroite collaboration avec le label NoMadMusic permet la sortie de leur nouvel album « AMADEUS » un hommage à Mozart tout en audace, comme le compositeur le fut à son époque, en incarnant le célèbre opéra « La Flûte enchantée » en quatuor ! [(Référence NMM060 | Simple CD | Durée totale : 72:05 | Label : NoMadMusic | Distribution : [PIAS]. Concert de sortie de disque le 10 avril 2019 au Musée Gustave Moreau à Paris)]

En 1801 une main inconnue mais experte réalise une adaptation pour deux violons, un alto et un violoncelle de cette oeuvre majeure. La transcription découverte chez un antiquaire par une amie des musiciennes les inspire… « AMADEUS », alias Mozart renaît à travers cet album « Nous devons incarner toutes les composantes de l’opéra avec le coeur et le corps » expliquent-elles. En deux courtes années d’existence, le Quatuor Zaïde avait déjà réussi à s’imposer. Â la fois par sa qualité exceptionnelle, en raflant les prix les plus prestigieux des concours internationaux, en s’affichant dans les plus belles salles de concert et comme formation de chambre originale. Composé de Charlotte Maclet (premier violon), Leslie Boulin Raulet (deuxième violon), Sarah Chenaf (alto) et Juliette Salmona (violoncelle), ce quatuor est l’un des rares exclusivement féminin. A 10 ans, celui-ci accède à une maturité qui n’empêche ni la fraîcheur, ni la fougue de s’exprimer. Il est un brin décalé, mais toujours à sa juste place : au sommet ! Cet anniversaire marque aussi un tournant. Si pour ces jeunes femmes pétillantes, « le quatuor est un appel, une vocation », trouver l’équilibre parfait demande de l’expérience : « Être quatre, mais ne faire plus qu’UN, c’est le but terrible et magnifique du quatuor à cordes », expliquent-elles. But ultime auquel elles sont enfin parvenues.

Ces dernières années, le groupe a effectivement trouvé une stabilité lui permettant d’affirmer un peu plus ses singularités : virtuosité, audace, modernité.

Alain Cochard, ConcertClassic.com, 2 Avril 2019

Le Quatuor Zaïde enregistre Mozart

Une Flûte pour quatre L’originalité du répertoire ne tient pas uniquement à la rareté de certains compositeurs ; on peut aussi se distinguer en s’intéressant à de célèbres noms. Après un très bel enregistrement (chez #NoMadMusic) du trop discret Quatuor en ré majeur de César Franck (couplé avec une non moins réussie Chanson perpétuelle de Chausson, partagée avec Karine Deshayes et Jonas Vitaud), le Quatuor Zaïde fait cette fois la différence dans … Mozart !

Les quatre talentueuses jeunes femmes (Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf et Juliette Salmona) qui constituent cet ensemble (fondé en 2009) ont en effet eu la bonne idée de s’intéresser à une transcription pour quatuor de la Flûte enchantée. A l’instar de celle de Peter Lichtenthal, qui signa en 1802 un arrangement pour quatuor du Requiem KV 626 (enregistré par le Quatuor Debussy pour Decca), une main, anonyme celle-là, a adapté les plus grands moments de la Zauberflöte. On les découvre dans une interprétation dont la vitalité, l’élan, le profond lyrisme traduisent tout à la fois la fine perception qu’avait le transcripteur du dernier opéra achevé de Mozart et sa remarquable maîtrise de l’écriture pour le quatuor à cordes. Fortes de celles-ci, les Zaïde bâtissent une interprétation d’un équilibre radieux où les archets transportent l’auditeur au théâtre. Pas de voix certes, mais l’art du chant, le sens des caractères des musiciennes donnent vie à la musique, sans que l’on éprouve une quelconque sensation de manque. Ce disque, pour #NoMadMusic à nouveau (1), lumineux, parfaitement accordé au printemps naissant, fait aussi place au Quatuor en sol majeur KV 387, le premier de la série dédiée à Haydn. Un complément bienvenu, porté une humanité de l’expression, une sûreté stylistique et un naturel qui emportent l’adhésion. Pareille réussite méritait d’être fêtée en concert. C’est dans l’intimisme du Musée Moreau, que les Zaïde vous attendent, le 10 avril, avec un programme identique à celui de leur disque. Une date parmi les nombreuses (voir calendrier ci-dessous)(1) d’un ensemble dont sait qu’il assure désormais la direction artistique du Festival International de Quatuors du Lubéron.

Jean-Pierre Robert, On Mag, 2 Avril 2019

CD : Transcription pour quatuor à cordes de thèmes de La Flûte enchantée

Les quatre filles du Quatuor Zaïde consacrent leur nouveau CD à Mozart, le compositeur qui a donné leur nom d’artiste, emprunté à un de ses opéras. Et jouent deux oeuvres a priori dissemblables : le Quatuor à cordes K. 387, et une rareté, la transcription pour cette formation de la musique de La Flûte enchantée. Une association finalement non fortuite car, selon elles, les éléments figuralistes de ce quatuor, qui le rendent théâtral, rejoignent l’univers du dernier opéra de Mozart. Ce qu’elles démontrent par des superbes interprétations. Le succès qui accueillit d’emblée La Flûte enchantée K. 620 devait conduire à de nombreux arrangements. Celui pour quatuor à cordes est dû à une main anonyme. Mais experte. Car, à en juger par la comparaison avec les autres quatuors du maître de Salzbourg, elle possédait indéniablement l’art et la manière mozartienne de traiter ce genre musical. La transcription concerne 19 numéros de l’opéra, de l’Ouverture à l’air de Papageno du IIème acte, finissant en un pot pourri magistral réunissant les dernières pages de l’oeuvre. Elle suit donc fidèlement le fil de l’action, et musicalement en traduit les subtilités par une écriture magistrale : « cet arrangement de La Flûte enchantée est une pièce de virtuosité de haute voltige pour quatuor à cordes », soulignent les Zaïdes. Bien sûr, le premier violon se taille la part du lion, incarnant tour à tour plusieurs personnages : Tamino dès sa première intervention ”Zu Hilfe !” ou plus tard lors de l’air ”Dies Bildnis”, mais aussi Papageno dans l’air ”Der Vogelfänger bin ich ja”, assorti d’originales et amusantes variations. La virtuosité, on la détecte partout, aussi bien dans la première intervention de Monostatos et sa brève confrontation avec Papageno, les deux hommes jouant à se faire peur, ou dans le dialogue entre violons I & II lors de l’échange entre Pamina et Papageno, ici bardé de jolies ornementations tout à fait dans l’esprit du texte orchestral. On remarque également l’originalité comme lors de la ”danse” façon automate de Monostatos et de ses sbires, traitée par des pizzicatos du violon I. On est bercé par le charme émanant de ces morceaux, tel l’air de Pamina ”Ah, ich fühl’s”, qui en restitue toute l’intense tristesse. Et la solennité, on la perçoit avec la Marche des prêtres qui ouvre l’acte II et l’aria de Sarastro ”O Isis und Osiris” qui suit, où l’on entend presque les chœurs d’hommes. Car la transcription fait tout autant chanter les voix que les instruments. Ce que les Zaïdes restituent avec flair et talent. Il en va de même dans l’exécution du Quatuor K.387. Dans ce premier des ”Quatuors dédiés à Haydn” on savoure une écriture libérée, y compris de la référence au maître d’Esterhazá qui composait alors ses ”Quatuors russes”. La présente interprétation respire le bonheur de jouer. Ainsi de l’allegro vivace assai, lumineux dans son thème volontariste qui chante la joie de vivre, tandis qu’est maîtrisé l’assombrissement du discours dans le développement. Le Minuetto en poursuit l’esprit enjoué dans un tempo très allant, nanti d’une légère précipitation qui lui confère vie. Le trio contraste par son dramatisme bien senti. L’Andante cantabile, pris soutenu, révèle justement sa composante de méditation, en particulier au développement et ses divers climats, jamais pesants. C’est « comme une prière, une communion très intime », remarquent les Zaïdes. Le Molto allegro final fugué montre une rythmique là encore bien maîtrisée et son thème allègre progresse sans l’ombre d’une lourdeur. Joie, exubérance presque, signent une interprétation de belle facture, de la part de quatre musiciennes dont on aura remarqué la rigueur quant au respect textuel et le raffinement du jeu, comme la parfaite cohésion des voix. L’enregistrement, au Théâtre impérial de Compiègne, offre une image naturelle, aérée et immédiate, un léger effet de résonance parfaitement maîtrisé.

Musique Classique & co - Thierry Vagne, Musique Classique & co, 16 Mars 2019

Au programme Mozart de ce nouveau CD, le quatuor n° 14 K.387 et… La Flûte enchantée.

Le quatuor Zaïde est un quatuor français et féminin. On ne compte plus de nos jours les quatuors mixtes ou entièrement féminins et c’est heureux. Je me demande si la première instrumentiste femme jouant au sein d’un quatuor à cordes constitué ne serait pas la violoniste Elisa Pegreffi, présente au sein du Quartetto Italiano dès 1945 (décédée en 2016 à 94 ans). La transcription de la Flûte est apparemment anonyme. Dès l’ouverture, on est pris par ce théâtre transposé, grâce à l’engagement des instrumentistes : que d’élégance et de ferveur à la fois. A l’écoute on voit défiler le film de Bergman ! On appréciera tout autant le 14e quatuor : une interprétation à la fois aérée, vivante et prenante avec une sonorité très fine, légèrement acidulée. On le ferait écouter en aveugle à des mélomanes, ils hésiteraient sans doute entre les Amadeus et et les Berg ! Une réussite !!

Loïc Chahine

« Vienne la nuit, sonne l’heure » du quatuor de Franck

Si le Quintette pour piano et cordes de César Franck demeure assez bien connu, (la discographie a même accueilli récemment une lecture historiquement informée de l’oeuvre), il n’en va pas de même du Quatuor à cordes en ré majeur. Oeuvre de jeunesse ? Point du tout : il est de dix ans postérieur au Quintette, et c’est même la dernière oeuvre de musique de chambre du compositeur, créé environ six mois avant sa mort. Insuccès dès la création ? Non plus : contrairement, par exemple, à la Symphonie en ré mineur, assez appréciée aujourd’hui mais dont l’accueil à l’époque fut assez catastrophique, le Quatuor, lors de sa création à la Salle Pleyel en 1890, fut salué par des applaudissements nourris. Et pourtant, il ne s’est pas imposé au répertoire. Et pourtant, les versions discographiques existent… Peut-être qu’aucune d’entre elle n’avait suffisamment marqué les esprit ? Voici en tout cas avec celle du Quatuor Zaïde de quoi sonner, pour beaucoup, l’heure de la (re)découverte. On retrouve le même engagement qui animait les précédents enregistrements des Zaïde, mais avec je-ne-sais-quoi de plus abouti, sans doute une adéquation profonde entre le caractère de l’ensemble et celui de l’oeuvre, entre les exigences techniques de cette dernière à la maturité à laquelle les quatre musiciennes sont parvenues ensemble. Là où César Franck peut facilement perdre l’auditeur dans les méandres de développement complexes, les Zaïde nous guident par un phrasé volontaire et expressif, et semblent insuffler à la partition une trame narrative qui permet de dépasser la séduction sonore et la variété des couleurs qui parent cette lecture tout en clair-obscur – un clair-obscur à la Rembrandt, avec une grosse couche de peinture sur la toile, comme une pâte, des teintes majoritairement sombres (piano, mystérieux, tendu), avec des pics de lumière éclatants, presque aveuglants – et dans le même temps quelque chose de presque pointilliste, une synthèse entre Rembrandt et Seurat ? Car de fait, les Zaïde ne manquent pas de couleurs, au point qu’on a parfois peine à croire que ce sont les mêmes instrumentistes d’un endroit à l’autre ; elles sont aussi à l’aise avec le romantisme débordant des premières mesures (et s’autorisent même, dans un goût tout à fait historiquement informé, un peu de glissando çà et là) qu’avec la gracieuse concision toute mendelssohnienne d’autres endroits, dont évidemment le Scherzo vif, avec ses notes répétées et ses sourdines. Signalons encore la riche palette de nuances (enfin des musiciens qui ne font pas de tout forte un fortissimo !), avec de nombreux passages piano et pianissimo, nous l’avons dit, du meilleur effet. Le jeu du Quatuor Zaïde n’a jamais rien d’ostentatoire mais séduit au contraire par sa justesse de ton. Il faut apprécier comme le Larghetto ne dégouline pas mais reste bel et bien dolce, comme regardant au loin. Les Zaïde savent distiller ici bonheur du son et juste tension, sans aucun alanguissement excessif, sans aucun excès, en fait. On a envie de dire, comme dans le texte de telle mélodie de Poulenc, « Ce n’est pas trop, mais c’est assez. » (…) Ce disque s’imposera pour sa lecture envoûtante et émouvante du Quatuor à cordes de César Franck, magnifiée par une chaleureuse prise de son d’Hannelore Guittet, aussi chaleureuse que l’illustration de la pochette, un peu décalée mais si délicieuse, si « invitante » !

Laurent Bury

Le label NoMadMusic ne fait décidément rien comme tout le monde. Après un disque Robert et Clara Schumann, où la voix d’Isabelle Druet était convoquée pour chanter un peu de Brahms, voici que paraît un nouveau récital de musique de chambre dont la pièce de résistance est le si beau Quatuor en ré majeur de César Franck, interprété par le très racé quatuor Zaïde. Et en complément de programme pour atteindre la cinquantaine de minutes, une oeuvre à peine postérieure, la Chanson perpétuelle de Chausson, où c’est cette fois Karine Deshayes qui donne de la voix. Seul interprète de sexe masculin, le pianiste Jonas Vitaud intervient également dans cette ultime plage du disque. Avec son Quatuor aux allures de sonates de Vinteuil et ce poème de Charles Cros que Karine Deshayes distille avec une sensuelle distinction digne du salon de la duchesse de Guermantes, ce disque distille un charme proustien auquel on succombe volontiers.

Charlotte Saulneron

Sublime apothéose de l’art de César Franck que le Quatuor en ré majeur porté par le talentueux Quatuor Zaïde qui n’a pas attendu le nombre des années pour allier fraicheur et maturité dans ce nouvel enregistrement. Telle la fée marraine, sur la dernière plage de ce disque consacré au courant post-wagnérien de la deuxième moitié du XIXe et à  sa forme cyclique inspirée du leitmotiv du compositeur allemand, l’une des plus grandes chanteuses lyriques actuelles s’associe aux quatre jeunes musiciennes pour interpréter la Chanson perpétuelle d’Ernest Chausson, mélodie que Karine Deshayes maîtrise à  la perfection. (…) Côté enregistrements, voici le troisième opus d’un parcours discographique débuté en 2014 par un premier album consacré à  la musique tchèque de Leos Janàcek (La Sonate à  Kreutzer, Lettres intimes) et de Bohuslav Martinù (Quatuor n° 5), puis un deuxième disque fin 2016 autour des six quatuors opus 50 de Haydn. C’est donc une des merveilles du répertoire de quatuor à  cordes auquel l’ensemble parisien a choisi désormais de se consacrer avec le Quatuor en ré majeur de César Franck, révélant à  lui seul toute l’expressivité et la diversité de couleurs et d’intentions du jeu de ces quatre brillantes interprètes par le biais d’une partition imprégnée de thèmes glorieux et profondément mémorables. Le formidable élan et la précision rythmique sans faille du secret et nostalgique Scherzo, répond admirablement à  la pureté et la sincérité mélodique du Larghetto, monument d’éclat et de grandeur. La fougue et l’énergie du Final allegro molto donne un point expressif culminant de haute voltige à  un flux mélodique jamais obstrué par un surplus de vibratos mal à  propos. La voix souple et la rondeur du timbre de Karine Deshayes sur la dernière plage de cet album se révèle être un véritable cadeau, la mezzo-soprano qui « adore la musique de chambre », est particulièrement d’une écoute attentive pour les différents protagonistes de la Chanson perpétuelle de l’ancien élève du maître, dont Jonas Vitaud au piano. César Franck a renouvelé la musique de chambre en son temps, le quatuor Zaïde représente aujourd’hui quant à  lui le renouveau du quatuor à  cordes en France.

Brian Clark, Early Music Review, 1er avril 2016

While the Quatuor Zaïde are not HIP specialists, their approach to Haydn’s music is utterly “authentic”; they do not “tone down their normal style” to fit the music, they simply get under Papa Haydn’s skin and throw caution to the wind in getting all his energy and wit, as well as the depth and pathos, and conveying it all beautifully to their audience.

Sophie Bourdais, Télérama, 13 Janvier 2016
4F Télérama pour le double album Haydn du Quatuor Zaïde !

L’opus 50 de Haydn sublimé par le Quatuor Zaïde, dans un album à l’ardeur contagieuse. Il est toujours risqué, pour un quatuor, de perdre l’un(e) de ses membres. Chez les Zaïde (nom emprunté à l’héroïne d’un singspiel mozartien), jeune ensemble fondé en 2009, le départ de Pauline Fritsch aurait pu tout bouleverser. Arrivée en septembre 2014, Leslie Boulin-Raulet, second violon, a su trouver sa place. Aucun problème de cohésion, d’équilibre entre les quatre musiciennes, qui s’emparent en fines connaisseuses, avec un enthousiasme contagieux, de la forme inventée par Joseph Haydn : une conversation animée entre gens de bonne compagnie, dont les points de vue peuvent différer sans que personne ne cherche à imposer le sien. Dédié au roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, l’opus 50 témoigne d’une belle vitalité. Haydn y pousse le classicisme viennois dans ses retranchements, se renouvelle constamment, introduit légèreté, fantaisie et humour dans un cadre aux abords stricts. On ne s’ennuie pas une minute au fil de ces six quatuors, on rit même franchement aux traits moqueurs décochés par le finale du cinquième. Cet album solaire, deuxième enregistrement du Quatuor Zaïde après un premier disque consacré à Janàcek et Martinu, offre l’équivalent d’une douzaine de séances de luminothérapie. S.Bo.

 

Jacques Drillon, L'Obs, 7 Janvier 2016

On avait écrit des pièces à quatre parties. Purcell, notamment, l’avait fait. Mais Haydn le premier a écrit ce qu’on appelle des quatuors à cordes. C’est lui qui en a fixé le nombre de mouvements et la structure interne. C’est lui qui, progressivement, a réparti les rôles, introduit le dialogue instrumental, cette espèce de démocratie où chaque partie est égale aux autres. Les quatuors de l’opus 50, qu’on ne joue jamais (pourquoi ?), et que les quatre jeunes femmes du Zaïde interprètent avec goût et finesse, sont un sommet de cet art, parvenu, sitôt né, à son âge classique.

Louis Le Classique - Louis Le Classique, 4 Novembre 2015

Nouvelle pépite chez NoMadMusic avec le Quatuor Zaïde et les Quatuors à cordes opus 50 de Haydn. Joseph Haydn est l’un des maîtres du quatuor à cordes. Si ce n’est le maître. Il est dans cet exercice très lié à Mozart dont les influences se mêlent chez l’un comme chez l’autre tout comme l’amitié et l’admiration. Mais malgré ça, on doit vous avouer que, habituellement, ce format n’est pas notre préféré. La musique de chambre en général d’ailleurs. Alors nous avons abordé cet enregistrement avec un peu d’hésitation. Mais avec un peu de curiosité aussi notamment pour le Quatuor Zaïde que nous ne connaissions pas. Quatre ravissantes musiciennes forment ce Quatuor qui fête cette année ses six ans d’existence. Déjà une belle carrière derrière lui (ou derrière elles) mais également devant avec la tournée européenne ECHO Rising Stars. Agréable surprise ! Presque 2h de musique avec ce double album et 2h de fraîcheur. Le Quatuor Zaïde nous offre une interprétation piquante, revigorante. Les quatre instruments s’inscrivent dans un équilibre parfait et s’approprient totalement la partition qui déroule avec un naturel déconcertant. Passée la première écoute on a déjà envie de recommencer pour re-goûter à cette jeunesse dans le jeu. La complexité de l’oeuvre disparaît au profit d’une mélodie colorée qui nous invite à prendre place dans un salon viennois. Quatre jeunes filles dans le vent.

Andrew Benson Wilson - Andrew Benson Wilson, 11 mars 2016

Throughout, there is a wonderful sense of discovery and exploration. This is excellent playing of music that should be better known.